AUM Biosync

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AUM Biosync est lauréat 2019 du concours French IoT du Groupe la Poste

Article publié le 22 aout 2019 sur le site de la poste: https://www.groupelaposte.com/fr/article/macon-rencontre-avec-la-startup-aum-biosync

Lancé par La Poste en 2015 pour accélérer le développement des services connectés, le programme French IoT s’appuie sur une communauté de 200 start-up, qu’elle élargit chaque année à l’occasion d’un concours. Retenu par le jury de la dernière édition, la start-up AUM Biosync bénéficiera pendant six mois d’un programme d’accélération.

Nommée dans la catégorie « Santé », AUM (Algorithmes utiles et maîtrisés) Biosync développe une solution connectée de management des performances des équipes opérationnelles de secours et d’urgence, travaillant 24h/24. Portée par Marc Riedel, docteur en chronobiologie et pompier volontaire, la start-up développe des applications mobiles qui permettent de trouver le juste équilibre entre l’engagement réel et le besoin réel, tout en respectant les rythmes biologiques des volontaires.

« Je suis pompier. Je ne pense pas à aller éteindre l’incendie si je n’ai pas d’eau dans ma lance, si mes collègues ne sont pas préparés, si je n’ai pas de bons équipements, etc. Grâce à l’application, on est en capacité aujourd’hui de prédire les effectifs disponibles et de prédire en même temps l’activité opérationnelle. C’est un outil qui va permettre aux professions secouristes de s’organiser quotidiennement aussi bien dans leur travail que dans leur engagement, pour pouvoir donner au bon moment le meilleur d’eux-mêmes. »

Faciliter la vie des équipes de secours

Trois applications sont proposées : OPS Ready (alerte augmentée pour les secours sur leur disponibilité et leur capacité), OP Team (planning optimisé et simulation des équipes de garde) et Timekeeper (reflet numérique des rythmes de performances). Elles ont pour objectif de faciliter la vie des équipes de secours, en traitant les données personnelles de chaque utilisateur afin d’indiquer son potentiel de performance au moment de partir en intervention.

Marc Riedel précise : « on s’engage au respect et à l’anonymat des données personnelles, au respect de la personne humaine, ainsi qu’à la transparence pour les activités familiales. Il s’agit de consentement éclairé pour mieux expliquer, sur la base de données, la réalité de l’engagement aux familles, aux managers, aux décideurs et aux élus. »

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Hommage à Alain Reinberg, parrain de AUM Biosync, et pionnier de la recherche en chronobiologie

Dr Alain Reinberg (1921-2017)

Ancien résistant, pionnier de la recherche en chronobiologie, romancier, amateur éclairé d’art, Alain Reinberg était un esprit curieux, engagé et rigoureux. Son parcours scientifique était hors normes (plus de 600 publications dans des revues prestigieuses). Maitre de connaissances, Alain était le directeur de recherche de Marc à la Fondation Rothschild. Il nous conseillait et nous apportait son expertise scientifique.

Depuis le début de notre projet, il nous a encouragés et soutenus. Plus que tout cela, il était notre ami.

Il nous a quittés le 26 novembre 2017 à l’âge de 96 ans, et nous souhaitons ici lui rendre hommage.

Résistant de la première heure

Durant la seconde guerre mondiale, en 1942, Alain entra dans le groupe des Francs-Tireurs et Partisans formé par les membres du Parti Communiste Français. Il y adopta alors le pseudonyme de Rimbert et de Rivoire et s’impliqua dans des opérations de résistance en Haute-Savoie, permettant ainsi à de nombreux Juifs de rejoindre la Suisse entre avril et juin 1943.

Lors de son passage à l’institut de Physiologie, et avec la complicité du Professeur Émile Terroine, résistant actif, Alain imprima de nombreux tracts, journaux et fausses pièces d’identités. Il servit également comme sous-lieutenant dans le bataillon sanitaire de Gay-Toulon. Ses états de services montrent sa participation active à des opérations de propagandes et de libération de la Haute Savoie, de la ville d’Annecy et de la Maurienne (batailles d’Aiguebelette, d’Epierre et de La Chambre).

Alain était donc (sans surprise) une cible prioritaire de la Gestapo de Lyon. En 1943, il reçut une convocation pour se rendre au Service du Travail Obligatoire, et se cacha des autorités grâce à l’aide d’Aimée Stitelmann, jeune femme courageuse alors âgée de 20 ans. Il s’échappa en Suisse où il acquit le statut de réfugié, mais fut malgré tout arrêté et enfermé dans les prisons des camps de Saint Antoine et de Champel. Il fut libéré à l’automne 1943 à la condition “de se limiter à la seule activité universitaire”. Ceci permit à Alain de terminer ses études en Suisse, bien qu’il ne fut pas vraiment le bienvenu au sein de la faculté des sciences. Relégué dans un laboratoire isolé où il habita tout en réalisant ses recherches sur la survie des cœurs d’invertébrés (à des températures oscillant entre 3 et 5°C), tout en continuant discrètement ses activités de résistant.

En manque d’action, Alain retourna en France en 1944. Toujours aidé par le Pr Terroine, il continua ses études de médecine jusqu’à la soutenance de son Doctorat. Pendant cette période difficile financièrement, Alain écrivit des recueils de poèmes et de nouvelles pour gagner sa vie, ainsi que quelques articles sur Péguy et sur Nietzsche dans le journal “Traits” publié à Lausanne (Suisse), sous le pseudonyme de Pierre Bertin (anagramme de Rimbert).

A la libération, Alain travaillait comme journaliste correspondant du Progrès de Lyon, et a couvert le procès de Constable Lelong, collaborateur ayant révélé des informations concernant le plateau de Glières où se déroulait des opérations clandestines de la résistance.

Alain fut par la suite décoré par le gouvernement français, recevant la médaille des combattants volontaires de la Résistance en 1946, et la Médaille de la résistance en 1954.

Un chercheur de classe internationale

Alain obtint son doctorat en sciences en 1952, et son doctorat en médecine en 1954 et fut Lauréat de la faculté. Il se spécialisa en endocrinologie et devient membre du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) en Physiologie, toujours en 1954. Il devint maitre de recherche, puis directeur de recherche de la section de pharmacologie du CNRS en 1983.

Plus en avant dans sa carrière médicale, Alain s’était intéressé à l’importance des rythmes biologiques, et plus particulièrement les phénomènes circadiens, du point de vue médical. Il publia le résultat de ses premières études en 1954. L’idée que les variables biologiques montraient des variations rythmiques prévisibles dans le temps était alors un concept totalement disruptif. Les recherches d’Alain semblaient alors remettre en question le concept de constance du milieu intérieur formulé par Claude Bernard au milieu du 19e siècle, et repris par Walter Cannon sous le terme d’homéostasie. La plupart des scientifiques étaient alors relativement sceptiques et mettaient en doute ses travaux en mettant en avant l’argumentaire précédent… Les recherches de Claude Bernard étaient peut être alors mal connues de ces scientifiques, car ce dernier avait déjà décrit dans ses propres travaux la variation dans le temps du glycogène hépatique en fonction de l’heure de dissection du foie…

Alain était profondément convaincu du bien fondé de ses recherches, et, doté d’un solide caractère, s’est armé de patience et de rigueur afin de démontrer à ses détracteurs, au travers de nombreuses publications scientifiques, qu’il avait raison. Entre 1950 et 1960, Alain se battit dur contre une communauté scientifique embourbée dans les dogmes et les effets d’écoles. Sa forte personnalité en a fait l’un des pionniers assumés d’une discipline aujourd’hui à la pointe du progrès médical, légitimée par le prix nobel de physiologie et de médecine 2017.

Il créa l’unité de recherche en chronobiologie humaine du CNRS en 1971, unité renouvelée année après année, légitimée par une évaluation institutionnelle jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite en 1990. La retraite n’arrêta pas Alain qui continua sa carrière de chercheur, mais aussi d’enseignant. Le site PubMed lui crédite près de 85 articles entre 1991 et 2017, année de sa mort, soit une production de plus de 3 articles par an en moyenne.

Les réussites d’Alain en chronobiologie sont nombreuses. Il engagea une coopération avec le spéléologue Michel Siffre afin de conduire la première expérience “hors temps” (isolé de tout indice temporel) au sein d’une grotte dans les années 1950. Ils démontrèrent alors la persistance du rythme circadien chez l’homme en l’absence de signaux temporels externes dans l’environnement, supportant l’hypothèse de leur origine endogène, et de leur synchronisation sur 24h par ces signaux. A cette époque, la plupart pensaient que les rythmes biologiques étaient induits uniquement par lesdits signaux de l’environnement. La liste ne s’arrête pas là et concerne également les rythmes endocriniens, l’organisation temporelle du corps humain sain ou malade, la chronopharmacologie, la chronotoxicologie, la chronothérapeutique, la chronopathologie des maladies aigues ou chroniques, la chrononutrition, la chronobiologie du travail posté et du travail de nuit, la chronoépidémiologie des accidents et blessures, la chronobiologie du jet lag (la désynchronisation des rythmes circadiens), la génétique circadienne, les rythmes lunaires et annuels des plantes et des animaux marins et terrestres (incluant les humains), la présence de lumière artificielle la nuit et autre facteurs de désynchronisation.

Alain a également assisté et organisé de nombreux colloques de chronobiologie et à collaboré avec les tous premiers chronobiologistes comme Franz Halberg, Erhard Haus, Larry Scheving, Leland Edmunds, Nathaniel Kleitman, Jürgen Aschoff, Joseph Rutenfranz, Theodor Hellbrügg, Gunther Hildebrandt, John Mills, Peter Colquhoun, Colin Pittendrigh, Israel Ashkenazi ou encore Wop Rietveld.

Durant les années 1970, les expérimentations portant sur des animaux de laboratoires ont commencé à montrer les différences en matière de pharmacocinétique et de rythmes circadiens, en matière d’effets bénéfiques ou délétères de certains médicaments en fonction de l’heure d’administration. A cette époque, les effets sur les humains n’étaient pas ou peu étudiés, et Alain fut l’un des premiers à conduire de telles recherches. Ces tout premiers travaux portaient sur l’optimisation des traitements afin de minimiser les effets négatifs de la thérapie orale des corticostéroïdes. Il a confirmé les travaux des pionniers de la chronobiologie en montrant que la prise de faibles doses et des doses modérées une fois par jour le matin évitaient les effets indésirables qui résultaient des thérapies classiques basées sur une prise en continue tout au long de la journée à des doses similaires. De plus, il a également démontré que 80% des patients qui ingéraient leur traitement de corticoïdes le matin de manière quotidienne, y compris depuis plus de 20 ans, maintenaient un niveau de cortisol normal, alors que ceux qui suivaient la prescription habituelle (justifiée par la notion d’homéostasie) montraient une baisse de leur secretion de cortisol ainsi qu’un rythme circadien perturbé, mettant en question le dogme alors soutenu par les pharmacologues et médecins.

D’autres travaux d’Alain concernaient les rythmes circadiens et circamensuels de la peau, permettant par exemple de faire un diagnostic définitif de la sensibilité à des allergènes spécifiques, et évaluant la pharmacocinétique des antihistaminiques. Il a ainsi démontré une différence significative entre l’ingestion matinale et vespérale de différents antihistaminiques indépendamment de leur pharmacocinétique “classique”, qui variait elle aussi de manière significative en fonction de l’heure d’administration. Ces résultats ont amené Alain à proposer le concept de chronopharmacocinétique, ou comment les rythmes biologiques ont une influence sur l’absorption, la diffusion, le métabolisme, ou l’élimination d’un médicament, mais pas nécessairement sur son efficacité. Ces résultats l’ont également amené à proposer les concepts additionnels de chronesthesie, définie comme les différences de susceptibilité liées aux rythmes biologiques de certaines cellules, tissus et organes, ou de chronergie, définie comme les différences liées aux rythmes biologiques de l’effet global d’un traitement, en fonction de leur chronopharmacocinétique et de leur chronesthesie.

Alain était le leader indiscuté de la chronobiologie clinique et de la chronothérapeutique. Ses travaux étaient reconnus à un niveau international, au travers de plus de 600 articles, chapitres de livres, livres et monographies. Il fut élu secrétaire général (1963–1974) puis Vice-Président (1975) de la Société Française d’Endocrinologie et fut récompensé pour ses travaux par l’académie des sciences en 1977, puis par de nombreuses sociétés savantes Américaines et Allemandes durant les années 2000. Il fut également le créateur de l’International Journal of Chronobiology en 1973 et fut son éditeur en chef jusqu’en 1983.

En 1984 il fut le co-fondateur, aux côtés de Michael Smolensky (University of Texas-Houston Health Science Center) du journal Chronobiology International fêtant aujourd’hui ses 35 ans de publication, et en fut également le co-éditeur en chef pendant plus de 20 ans.

En 1978, Alain organisa le symposium de chronopharmacologie au sein du 7e congrès international de pharmacologie, afin de faire connaitre le domaine de plus en plus influent de la chronobiologie aux pharmacologistes. La rencontre fut un succès, et les actes furent publiés dans un volume intitulé Chronopharmacology (Pergamon Press) en 1980. Par la suite, Alain créa avec l’aide de Michael Smolensky et de Gaston Labrecque (École de Pharmacie, Université Laval) l’Association des Rhythmes Biologiques et Médicaments afin de promouvoir la chronopharmacologie lors de conférences internationales.

Alain a également enseigné et encadré de nombreux jeunes chercheurs. Avec l’aide de Florian Delbarre (Université René Descartes, Paris), il créa le premier diplôme d’université de chronobiologie. Il était également un participant assidu des cours annuels de Bjorn Lemmer à l’Université de Heidelberg, mais était également Professeur invité dans de nombreuses universités : Francfort, Heidelberg, Rome, Florence, Bari, Tel Aviv, Antalya ou Monastir, mais aussi au sein des universités de Berkeley, Davis, Houston et Minnesota aux états-unis.

Il fut également l’auteur de livres à destination du grand public: Des Rythmes Biologiques à La Chronobiologie; Les Rythmes Biologiques; Nos Horloges Biologiques Sont-Elles à L’Heure?; Le Temps Humain et Les Rythmes Biologiques; L’Art et Les Secrets du Temps: Une Approche Biologique; Chronobiologie Médicale, Chronothérapeutique; Chronobiologie et Chronothérapeutique; Biological Rhythms and Medicine: Cellular, Metabolic, Physiopathologic and Pharmacologic Aspects; and Clinical Chronopharmacology…

Alain était également un amoureux de l’art et un ami des artistes. Il aimait visiter tous types de musée, à Paris, mais aussi dans toutes les villes qu’il a visité au cours de sa carrière. Il était toutefois plus attiré par l’art abstrait et était capable de discerner les messages des artistes là où d’autres n’y voyaient pas grand chose, tout comme il était capable de percevoir les formes des rythmes complexes au milieu de l’enchevêtrement de nos régulations biologiques. Il adorait également la musique de tous style, et était également un excellent écrivain doté d’une imagination dépassant le seul cadre de la science. Amoureux des charades, des jeux de mots, le sens de l’humour d’Alain avait également contaminé son activité de scientifique, proposant des canulars redoutablement efficaces et jouant régulièrement sur l’autodérision et la critique de ses propres travaux.

Il écrivit ainsi en 2005:

Je ne sais toujours pas ce qu’est une découverte scientifique car les plus solides, en apparence, peuvent avoir des aspects et/ou des attributions discutables. Cependant, il faut bien accepter la notion de découverte car, sans elle, il n’y aurait plus de carrière de chercheur. Pourquoi pas « trouvaille » ? D’aucuns peuvent m’objecter que ça ne fait pas sérieux. D’accord pour « découverte ». Il me semble que, depuis le XXe siècle, il est difficile d’en attribuer une à un seul chercheur. Il en va des bonnes idées comme des fruits mûrs, leur cueillette n’est pas nécessairement un jeu de solitaire. Si le découvreur est rarement seul, la mauvaise stratégie est de ne pas lire très attentivement la littérature scientifique, comme la mauvaise tactique est de ne pas citer ses compétiteurs. Tôt ou tard viendra celui qui découvrira que le découvreur n’est pas le seul à mériter ce titre…

Qui est un « découvreur » ? Probablement un prestidigitateur qui sort un lapin vivant d’un chapeau claque inévitablement vide. Dans cette sorte de magie, il y a toujours un truc. L’histoire de nombreuses découvertes en chronobiologie m’apparaissait comme résultat d’un ensemble de travaux plutôt que celui d’une œuvre individuelle…

Alain Reinberg, Ais-je découvert quoi que ce soit en chronobiologie ? Revue Rythmes, 2005

Alain était un être humain extraordinaire, une personnalité comme l’on en rencontre peu dans une vie, dont l’envergure, la gentillesse, la rigueur et le travail fondent aujourd’hui un héritage vivifiant, fontaine à laquelle ses amis, ses collègues et ses étudiants viennent toujours se rafraichir le cœur et l’esprit…